Dans le dernier trimestre 2021, Patrick schweizer (Ancien syndicaliste à Renault) me parle d’une grève qui a eu lieu en 1974 à Bretoncelles. J’habite ce village et j’anime depuis deux ans un chœur de chants de luttes, je m’intéresse à cette grève.
Je découvre alors l’histoire longue et entêtée du combat des travailleurs contre la fermeture de leur usine. Avec Jean Baptiste Evette (écrivain) et Patrick nous nous chargeons de contacter plusieurs protagonistes de cette grève, recueillir des témoignages, des archives, des films avec une seule interrogation :
Et si un jour ça se passait ainsi!…
Denis Robert
Discours Georges Héron 1979 Grève de la faim
Joseph Le Berre, 56 ans, Antoine Rubinat, 40 ans, pères de famille, militants syndicalistes, ne trouvent pas de travail dans le Perche alors qu’ils ont frappé à toutes les portes des entreprises.
Les patrons n’en veulent pas : ces deux hommes se sont battus avec d’autres travailleurs pour garder les emplois à Bretoncelles en 1975. Dans la société capitaliste, on a besoin de robots qu’on met aux cadences aujourd’hui et au chômage demain.
Nos camarades ont répondu non. Non aux licenciements. Non aux cadences. Non aux mains coupées. Non aux humiliations des femmes. Non aux bas salaires.
Nos camarades ont bâti le syndicat. Oui à l’hygiène et la sécurité. Oui à la liberté d’organisation des travailleurs.
Depuis 14 jours que Joseph et Antoine font la grève de la faim, un soutien direct de toute une population s’est manifesté. 30 à 40 personnes par jour ont soutenu le moral de nos camarades.
Tous nous sommes solidaires de Rubinat et Le Berre.
Tous nous sommes des Rubinat et Le Berre.
Tous nous voulons nous battre contre ceux qui nous exploitent.
Tous nous voulons que les travailleurs puissent s’organiser, obtenir un salaire pour vivre et de meilleures conditions de travail.
Aujourd’hui nous refusons
1 – Qu’un jeune sur deux connaisse le chômage dès la sortie de l’école ;
2 – Que les femmes soient renvoyées au foyer ;
3 – Que les contrats à durée déterminée (auxiliaires, stagiaires etc.) soient la façon d’embaucher ;
4 – Qu’on dise que les travailleurs immigrés sont de trop ;
5 – Que les vieux travailleurs soient les premiers visés :
« Nous n’avons plus besoin de vous. Nous allons vous mettre en pré-retraite, avec diminution de ressources. »